La pêche

 La pêche

 

Un plaisir des vacances à la campagne pour les petits et les grands, pour ceux qui savent, et ceux qui espèrent savoir.

 

Cette année, ce sont Tim et Cléo qui ont eu envie d’essayer.

Ils portent chacun une canne, les deux petits, ils le suivent, et j’emboîte le pas, appareil photos à la main.

Ils vont pécher dans la mare de Monique parce que les bords de la rivière sont instables, il aurait trop de mal à les surveiller, et elle est grande la mare de Monique, c’est presque un petit étang depuis qu’ils l’ont recreusée.

Il ouvre la marche, il est bien encombré avec ses deux cannes, une simple et une à moulinet au cas où, car on le dit, il y a des grosses carpes, même si personne n’en a jamais sorti une, et, toujours au cas où, il apporte l’épuisette et un grand seau pour mettre les poissons dedans.

Il attribue les places, pas trop près les uns des autres, pour ne pas emmêler les lignes, lui au milieu pour pouvoir aider. Il explique, comment mettre l’asticot sur l’hameçon :

– Tu vois, Tim, il y a une partie pointue et une ronde avec deux points noirs, il faut planter l’hameçon dans la partie ronde et le sortir dans la partie pointue.

Il montre comment lancer la ligne pour qu’elle tombe assez loin du bord, il insiste sur la tenue de la canne, du fil, sur le mouvement du bras, ni trop brutal, ni trop mou. Ensuite, il faut surveiller, il ne faut pas lâcher le bouchon des yeux surtout lorsqu’il commence à s’enfoncer. S’il plonge dans l’eau, alors il faut ferrer, c’est-à-dire donner un petit coup sec en relevant la canne.

–C’est trop mou, plus sec, plus rapide, Cléo, tu as raté ton poisson, il n’a pas pu s’accrocher !

Il n’a toujours pas installé ses lignes, il courre d’un enfant à l’autre, montre comment ferrer, détacher le poisson, remettre les asticots…Ca y est, Cléo a péché un arbre ! On rit, mais il faut couper le fils et remonter une ligne…et ses cannes à lui n’ont toujours pas touchées l’eau !

Je les abandonne, je vais faire un brin de causette avec Monique, on ne peut tout de même pas venir chez elle sans aller lui dire bonjour !

Lorsque je reviens, je n’en crois pas mes yeux, une heure qu’ils sont à la même place à épier le bouchon ! Je comprends mieux lorsque je vois les poissons dans le seau, ça mord, ils ne s’ennuient pas ! Le papi non plus m’assure-t-il ! Ses deux cannes sont en place maintenant, les enfants commencent à se débrouiller seuls, mais il surveille. J’admire les petits doigts de Tim se saisir de l’asticot et l’enfiler sur son hameçon : il observe et approuve. J’admire Cléo détacher délicatement le poisson et le mettre dans le seau, sous son œil attentif.

Je les laisse à nouveau et je rentre à la maison.

 

Les pêcheurs sont de retour, je les entends parler et rire dans la cour, ils ont tenu deux heures, je n’en reviens pas ! Ils me racontent: « c’était trop bien ! » et ils me parlent de leurs poissons, le gros qui a cassé la ligne de Tim, et qui a dédaigné celle que Papi lui avait spécialement préparée… les petits, c’est Cléo qu’ils préféraient, c’est elle qui en a eu le plus…Quand à Papi « nul de chez nul » trois petits, c’est tout: «  Tu comprends, il ne surveillait pas assez bien son bouchon ! »

– C’était trop bien, on y retournera demain et peut-être tous les jours.

Peut-être, parce que Papi n’est pas aussi enthousiaste !

 

Tom, lui, va pécher avec Papi, tous les ans, pendant son séjour à la campagne, c’est son plaisir ! Il est assez grand, pas de mare de Monique, mais les bords de la rivière. L’an dernier, il a eu une grosse carpe, cette année il espère le brochet. Et avec lui, c’est vraiment tous les jours ; Tous les jours la friture ! Heureusement qu’il y a les voisins pour aider à la manger !

Les brochets ont boudé les vacances de Tom, mais un jour, il est revenu les yeux brillants et avec un sourire éclatant. Ils ont sorti la bourriche, il a plongé la main dedans, attrapé une tête et tiré, déroulé, monté le bras pour sortir la totalité d’une énorme anguille ! Il la tenait à bout de bras, Tom, elle était presque aussi grande que lui ! Et il avait tant de joie à raconter comment la bête avait mordu à l’hameçon de son grand-père, qui lui avait alors rapidement passé les commandes, et quel plaisir il avait eu à « se battre avec », comment il avait eu du mal à la «fatiguer », il le sentait encore dans les bras, mais il était fier, il l’avait sortie tout seul !…Elle a fini en matelote, un régal !

 

Il n’a pas eu que cet épisode à raconter à son retour, il y a eu le sauvetage de Papi ! Il avait eu la frayeur de sa vie en voyant son grand-père tomber à l’eau !

–Touche Mamie, vois comme mon cœur bat encore vite ! Il est tombé Papi, heureusement que je l’ai rattrapé avec l’épuisette !

– Oui enfin il m’a tendu le manche…

– Mais tu n’arrivais pas à remonter le talus !

– Bien sûr, il n’y avait pas de végétation à cet endroit, mais il y en avait un peu plus loin, je n’étais pas perdu, ceci dit, tu m’as rendu service.

Il avait eu un moment de panique, Tom, il avait eu peur que Papi se noie. Tout se bousculait dans sa tête, il fallait agir, et vite. Il avait pensé au téléphone portable, mais ils l’avaient laissé dans la voiture ; Il avait essayé d’évaluer la distance entre la rivière et la maison où il avait vu une dame dans son potager. Enfin il avait pensé à l’épuisette !

Tout le monde était d’accord, il n’aurait jamais dû aller à la rivière, Papi, il aurait dû continuer à pécher dans la mare de Monique.

pêche MF

 

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