Les pivoines

pivoines MF

 

Les pivoines

Le rose de mes pivoines se détache en une note claire sur fond rouge orangé de soleil couchant.

J’admire l’énorme touffe de fleurs. Des boutons qui passent par toutes les gammes de couleurs et de grosseurs. Des fleurs épanouies aux pétales larges d’un rose foncé, en maintiennent des petits, plus fins, d’un délicat rose clair, qui finiront par prendre leurs aises, s’étaler, s’ouvrir, offrir aux abeilles les grosses étamines jaunes et le pistil renflé.

Le vent du soir joue sur la pelouse avec les pétales des fleurs déjà complètement déshabillées.

Je regarde et je vois mes souvenirs.

Il y en avait le long de la clôture chez Jean et Julienne. Elles formaient une haie fleurie au début du printemps, une note de gaîté qui rompait la monotonie des tas de bois entassés partout dans la scierie. Lorsque j’allais, à bicyclette, chaque matin, chercher le pain, je passais devant et m’arrêtais souvent pour les admirer.

– Quand tu auras ta maison, tu viendras en chercher, je t’en donnerai, m’avait dit Jean.

J’ai eu ma maison, mais je n’étais pas souvent là au printemps et je ne passais plus aussi souvent devant la scierie. J’ai, un peu, oublié les pivoines…Il faut dire que tout était à faire dans le jardin.

Un jour d’automne, il m’a interpellée, Jean.

– Si tu les veux tes pivoines, il faudra venir les chercher, il se pourrait bien que l’an prochain je ne sois plus là pour te les donner.

Il m’a prévenue :

– Tu n’auras pas de fleurs tout de suite, il faudra leur laisser le temps de t’apprivoiser, toi et ta maison.

Nous les avons plantées près du vieux four, elles nous ont boudés deux ans, puis ont grossi, nous ont offert trois fleurs, puis de plus en plus jusqu’à former la grosse touffe qui nous enchante tous les printemps.

Il avait raison Jean, je suis allée les chercher à temps, lorsque je suis revenue en vacances d’été, il n’était plus là pour me les donner.

 

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