Cérémonie au monument aux morts

Cérémonie au monument aux morts

Des emplettes à faire, quelques oublis après les grandes courses de la semaine, mais aussi le désir de faire vivre l’épicerie, poste, presse, tabac, Crédit Agricole, le seul magasin du village maintenant, providence des personnes âgées sans moyen de locomotion.

Etonnant ! Il y a beaucoup de monde sur la place, le micro est installé près du monument aux morts, sur les marches de la mairie une couronne de fleurs attend.

Nous réalisons : nous sommes le 17 Juin. Oui, c’est le 18, le jour de l’appel du général De Gaulle en 40, mais cette année le 18 tombe un lundi et dans le village, il est de tradition de fêter toutes les commémorations le dimanche, et d’en regrouper plusieurs si possible.

Il y a là, la fanfare au grand complet, une délégation de soldats de la guerre de 40, une de la guerre d’Algérie, de celle d’Indochine… Des hommes aux costumes impeccables portant fièrement leurs médailles, quelques officiels : des représentants des pompiers, de la police, le curé, une journaliste avec son appareil photo, et des participants habitués à ne pas manquer une cérémonie… Ou le pot qui la suit !

On se dit bonjour, on se fait la bise, on parle, on se demande des nouvelles, un joyeux brouhaha qui cesse lorsque la Mairesse et son écharpe tricolore s’avance devant le micro.

La fanfare entame alors la Marseillaise, puis enchaîne sur le chant des partisans. Pas un bruit dans l’assistance, une attention soutenue, émue…

Dans la foule des badauds, je reconnais Pierre. C’est vrai qu’il est allé en Algérie, il en parle assez souvent, des récits que tout le monde a écoutés plusieurs fois, un passé qui est encore son présent.

Mais, il n’est pas très concentré ! Ses yeux vont et viennent, il observe l’assemblée. Qui est là ? Qui n’est pas venu ? Toujours curieux Pierre, un tantinet critique aussi, il sait tout, ou presque, et aime faire profiter les uns et les autres de son savoir et de ses commentaires. Ses yeux sont encore en action lorsque la Mairesse commence son discours. Il la regarde alors, il se concentre sur ses paroles…Pas longtemps, il se bat maintenant avec le bas de sa chemise qu’il réussit à sortir de son pantalon ! Il la monte à hauteur des lunettes qu’il vient d’ôter de son nez, pince le bord du tissu entre le pouce et l’index de sa main gauche, de la main droite, il approche ses lunettes de sa bouche ouverte, souffle dessus, puis la main droite rejoint la gauche qui frotte activement les verres. Le pan de la chemise se dégage de plus en plus du pantalon. Çà y est, on voit sa petite bedaine, enfin petite…..Mais pas bronzée, elle n’a pas souvent vu le soleil, moins en tous cas que ses bras.

Applaudissement… Les lunettes rejoignent le nez et les mains frappent l’une contre l’autre. Mais tout un côté de chemise pend sur le pantalon, ça fait un peu désordre
Pierre !

Vite, il en attrape le bas, le pousse et le fait entrer non sans mal à  la place qu’il n’aurait jamais dû quitter. Non, il n’a pas été obligé de défaire la ceinture, ni de déboutonner…

Mais il était temps, en se dirigeant vers la mairie, certains s’approchent pour le saluer.

monument aux morts

 

Retour vers MES CARNETS D’ÉTÉ