Les rouges-queues

 

rouges queues

                    Les rouges-queues

 L’an dernier, nous n’étions pas les premiers à prendre possession de la maison après l’hiver. Un couple de rouges-queues avait fait son nid sur la dernière poutre de la terrasse couverte. Un nid tout en longueur, un matelas d’herbes sèches installé entre poutre et tuiles. On ne pouvait pas tolérer pareille désinvolture ! Des oisillons, là, au dessus de la table où nous mangions ! Les parents avaient-ils pensé aux lieux d’aisance ? Les avis furent unanimes : détruire le nid. Qu’ils aillent pondre ailleurs !

L’escabeau fut installé pour aller y voir de plus près… Il y avait déjà un œuf !

Détruire un œuf ! Une espérance d’oiseau sautillant sur la pelouse, volant du frêne au saule, nous charmant de son chant, certes rapide et bref, ce n’était pas un ténor comme son copain le rossignol, mais il avait sa place dans le concert que nous offrent les oiseaux du jardin au printemps !

L’escabeau fut rangé, la table poussée au bout de la terrasse. On ne mange pas souvent  dehors avant l’été, ça ne nous gênerait guère.

Nous nous sommes fait discrets, passant le moins possible sous le nid, quittant la terrasse quand nous entendions le « stip stip » des oiseaux inquiets et mécontents, les observant à la jumelle depuis la porte fenêtre. Nous les avons vus aller et venir, le bec serrant des brindilles, perfectionnant leur ouvrage, puis la femelle s’installer à demeure sur les œufs. Ce fut ensuite le balai incessant du père et de la mère, s’approchant au plus près du nid, ailes déployées, plongeant leur bec dans celui des petits affamés, repartant et revenant encore et encore afin de calmer, pour un temps, le piaillement des oisillons.

Nous attendions, nous guettions avec insistance espérant bien assister à leur envol.
Un matin, pas de piaillements, pas d’oiseaux allant et venant sous la terrasse, nous avons guetté… Mais non, il n’y avait plus d’activité. L’escabeau reprit du service….déception, le nid était vide !

Il fut détruit, la poutre nettoyée, la table remise à sa place.

Cette année encore, nous ne sommes pas arrivés les premiers. Au même endroit ils avaient reconstruit un nid ! Pas encore d’œufs dedans.  Mais quelle ténacité ! C’était notre maison qu’ils avaient choisie, elle devenait la leur, on se devait de respecter leur choix, surtout que  finalement nous avions bien cohabité eux et nous, nous ne nous étions guère gênés.

Hélas, cette année encore, nous avons raté l’envol des oisillons.


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