Le pari de Marcel

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Le pari de Marcel

 

Ils sont tous là les voisins,les uns l’encourageant, les autres essayant de le dissuader.

–Les anciens le faisaient bien, pourquoi je pourrais pas ?

– Mais les anciens y savaient faire ! Et quand c’était la première fois qui-z-y faisaient, y-z-avaient un ancien pour leur dire comment faire !

–Mais on le sait comment y faut faire, c’est quand même pas sorcier, et on est là, il est pas tout seul, le Marcel !

On l’aide à mettre le harnais prêté par un copain maçon. Il a une drôle d’allure là dedans, le pantalon remonté bien au-dessus des chaussettes et qui plisse autour des fesses,  des bretelles serrées sur les épaules…Il a changé d’allure, un petit corps, des jambes et des bras si longs… Il rit…Prendre une photo, c’est pas tous les jours qu’on le verra ainsi déguisé !

On vérifie une dernière fois le palan prêté par un autre copain, on déroule un peu de câble… et on accroche le gros crochet qui est au bout, sur l’anneau qui pend dans le dos de Marcel.

– Bon, ben quand faut y’aller, faut y’aller.

Et il y va Marcel, et tout le monde le regarde. On a appuyé sur le bouton, le moteur s’est mis en route, et toutes les têtes se sont penchées pour le voir descendre, et il descend lentement, lentement…

–Ben moi, j’pourrais pas, j’frais de la machin phobie, là, comme tu dis !

– Ca va Marcel ?

– Ben oui ça va… C’est drôle, y fait pas noir la dedans, on y voit tout clair…

Et le câble se déroule lentement et il descend toujours, Marcel.

– Ben faut encore descendre, les gars, j’touche pas le fond.

– C’est fini on peut plus, y’a plus de longueur de câble.

–Ben merde alors, y’a plus de treize mètres ? Le câble, y fait treize mètres !

On le remonte Marcel, sa tête apparaît à l’air libre, deux corps se penchent, quatre bras le tirent, le hissent, l’assoient sur la margelle de son puits…

Il n’a pas pu le nettoyer son puits….Il le dit, ce n’est que partie remise, il va chercher un autre engin avec un câble plus long, il trouvera bien quelqu’un qui lui en prêtera un, et il le nettoiera son puits « cré nom !», parole de Marcel.

 

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